Strasbourg 1870 ép.2 : Le terrible bombardement du 23 août
Depuis le début du bombardement le 13 août (voir notre premier épisode), la tension dans la ville grimpe jour après jour. Le 15, vingt-et-un obus tombent sur la ville et font les premières victimes ainsi que plusieurs incendies. C’était une sinistre « plaisanterie » des prussiens qui avaient promis un « feu d’artifice » en ce jour d’anniversaire de Napoléon…
Le 18 c’est l’horreur. Dans la rue de l’Arc-en-Ciel un obus est tombé sur un pensionnat d’enfants. Six jeunes filles sont tuées sur le coup et quatre durent subir une amputation…
Les français de la garnison tentent quelques escarmouches à l’extérieur de la ville et bombardent Kehl avec l’artillerie de la Citadelle (actuel quartier de l’Esplanade).
Le 23 août au soir, après une dernière sommation de reddition de la ville, Von Werder ordonne le pilonnage massif de la ville par ses 28 batteries d’artillerie. « Il n’est pas possible de raconter les désastres que les innombrables projectiles lancés par l’ennemi causèrent cette nuit. Il faudrait citer presque toutes les rues de la ville et dans certaines rues presque toutes les maisons. Les obus arrivaient de tous les côtés et tombaient sur les églises, sur la Cathédrale, sur les ambulances, sur les hôpitaux» selon un strasbourgeois de l’époque.
Le 24, un autre assiégé raconte : « le bombardement commença un peu après huit heures, et toutes les bouches à feu que l’ennemi avait réunies autour de la place durent vomir en même temps leurs terribles projectiles. Pas un instant de trêve ni de silence ; c’était une infernale grêle d’obus qui sifflaient avec fureur et dont les éclats, anguleux, tordus, produisaient en coupant l’air une espèce de ronflement sinistre qui glaçait de terreur. Dans les caves, les femmes, les enfants pleuraient et priaient ; les hommes étaient mornes, abattus et ne prenaient courage que dans le devoir de veiller sur leurs familles, dans le désir de sauver leurs biens ; les malades, les blessés souffraient affreusement de ce bruit épouvantable ; on se demandait quelquefois si l’on ne rêvait pas, si l’on n’était pas le jouet d’un cauchemar. »
Depuis la plateforme de la Cathédrale, les guetteurs criaient : « Au feu ! » puis le nom de la rue ou du bâtiment touché.
La Cathédrale elle-même brûle, ainsi que le l’Hôtel de Ville, la préfecture ou encore le musée des Beaux-arts à l’Aubette et la bibliothèque municipale au Temple-Neuf (ainsi qu’une grande partie de leurs collections). En 24 heures, c’est plus de 1200 obus qui sont tombés sur Strasbourg.
A suivre…
Notre série « Strasbourg 1870 » :
#1 : Le début du siège
#2 : Le terrible bombardement du 23 août
#3 : L’arrivée des alliés suisses
#4 : La capitulation
3 thoughts on “Strasbourg 1870 ép.2 : Le terrible bombardement du 23 août”